samedi 30 avril 2016

visite avec des lycéens normands à Auschwitz

dans le cadre d'un programme éducatif sur la seconde guerre mondiale, la Région organise un voyage destiné à entretenir et démontrer le besoin du devoir de mémoire. Cette année j'ai accompagné ces jeunes. voici ce que je leur ai dit lors de la cérémonie et quelques photos...
 
 Aujourd’hui il fait frisquet, nous sommes dehors depuis un moment, nos manteaux, nos écharpes, nos gants nous protègent du vent. Ce soir nous dormirons au chaud, chez nous, dans notre pays libre et malgré tout heureux.
 
Il y a 70 ans, nos grands-parents, vos arrières grands parents à vous les lycéens, des enfants, plus jeunes que vous, plus faibles que vous, des vieux, malades, crevant de faim étaient dehors, jour et nuit pendant des années et des années.
 
L’appel en pleine nuit, rester ici pendant des heures sans avoir le droit, ni la force de se plaindre.
La faim, la peur, la douleur, le gaz, les balles, la mort comme quotidien, l’horreur comme seul horizon.
 
Ceux qui souffraient du froid étaient en vie, il peut sembler que c’était la seule différence avec les autres.
 
Les autres, morts de faim, de soif, de maladie ou assassinés par des barbares.
 
Tous, innocents, français, allemands, polonais, tziganes, et surtout juifs ou résistants.
 
Nous sommes ici au cœur de ce que notre histoire comporte de plus abject, l’extermination de masse, planifiée, assumée, encouragée.
 
Venir ici c’est constater, tenter de mesurer ce que fut cette réalité, nos yeux de petits chanceux français vivant en paix sont évidemment heurtés mais je pense que rien ne nous permet de nous rendre compte exactement de ce qui a été fait tant l’extrême était de mise.
 
Apprendre l’Histoire, connaitre la réalité factuelle de notre passé lointain ou proche est vital pour une société démocratique.
 
Quand on sait, on ne se laisse pas embrigader par telle ou telle idéologie, quand on sait, on peut répondre, contester, argumenter et prendre du recul.
 
C’est ce qu’avaient parfaitement compris ceux qui ont construit ces camps, rappelez-vous cette phrase de Goebels, ce monstre qui n’aura même pas le courage d’affronter ses juges et se suicidera. Il disait très tôt, lui qui fut un des idéologuesles plus importants : « privez un peuple de son histoire et en deux générations vous en faites un peuple d’esclaves. »
 
Il avait parfaitement compris qu’en coupant l’enseignement de l’Histoire, en la manipulant, on pouvait faire croire n’importe quoi. Il était suivi en cela de Staline qui dira que la révolution n’avait surtout pas besoin de l’histoire, quand on sait que des camps nazis furent utilisés plus tard par les bolchéviques, ces deux phrases ont un sens.
 
N’oublions pas non plus que des gens sont venus mourir ici parce que des Français les ont arrêtés, transportés, torturés.
 
Ici, dans cette Pologne aujourd’hui unie et libre, elle qui a tant souffert dans son Histoire mais dont le peuple n’a jamais coupé le lien avec son passé, nous avons la preuve que la démocratie et la liberté gagnent quand la mémoire perdure.
 
Entre 1941 et 1945, des gens sont morts parce qu’ils étaient juifs, en 2015, des gens en plein Paris sont morts aussi parce qu’ils étaient juifs, policiers, libres penseurs, parce qu’ils représentaient la liberté, d'autres sont morts à Bruxelles parce qu'ils étaient l'Europe, donc aussi la liberté.
 
Rien n’est jamais fini quand il s’agit de défendre la liberté, ne négligez jamais l’Histoire, n’oubliez jamais le passé, ce sont eux qui vous ont faits



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